avril 2

L’enfant et la frustration: Toutes les questions que tu te poses

Temps de lecture : 7 minutes

Enfant et frustration : Toutes les questions que tu te poses

Quand on entend “frustration chez l’enfant”, on peut entendre tout et son contraire :

  • La frustration est nécessaire pour la construction de l’enfant
  • Il faut apprendre la frustration à ton enfant
  • La frustration est inutile et nocive pour ton enfant
  • Frustrer ton enfant, c’est sain pour lui
  • La frustration est nécessaire pour préparer l’enfant à la réalité du monde.
  • Ton enfant ne sait pas faire face à la frustration, c’est la faute à ton choix de parentalité “bienveillante”
  • Etc.

De quoi se sentir complètement perdue et avoir le sentiment de marcher, telle une équilibriste, sur la fine frontière de la bienveillance qui délimite la parentalité autoritaire de celle plutôt laxiste.

parent funambule fine frontière de la bienveillance entre laxisme et autoritaire

En réalité, la frontière n’est pas si fine qu’elle n’y paraît.

C’est ton manque de repères, de modèles autour de toi qui te fait douter…

Alors aujourd’hui on va parler très clairement de la frustration et je te partage mon point de vue sur le sujet…

  • C’est quoi la frustration ? 
  • Est-ce que c’est nécessaire pour que ton enfant sache s’intégrer à la société ? 
  • A-t-il besoin d’apprendre la frustration ? 
  • Comment l’aider à y faire face ?

On fait le tour de ces questions !

C’est parti :

La frustration, c’est quoi ?

On commence par la base :

La frustration c’est quoi ?

La frustration c’est ce sentiment que tu éprouves lorsque tu n’as pas ce que tu désires, lorsque tu n’as pas satisfait ton souhait.

  • Tu peux te sentir frustrée d’avoir raté ta recette, car le gâteau ne ressemble pas du tout à ce qu’il est censé être.
  • Tu peux te sentir frustrée de ne pas avoir eu le temps de te poser 5 minutes dans la journée pour prendre un moment rien que pour toi.
  • Ton enfant peut se sentir frustré, car il voulait la voiture rouge, mais c’est sa soeur qui joue avec.

Si tu as fait attention aux mots que j’ai employés, tu comprends facilement qu’il est donc question d’une émotion “se sentir frustré”, “être frustré” (même si je suis moins fan de la formulation “être frustré” comme je te l’ai partagé dans l’épisode 34 sur le piège du verbe « être »)

C’est donc une émotion où le plaisir, la joie de la satisfaction sont contrariés et n’arrivent pas. Il y a l’espérance de la sensation de plaisir, qui est ensuite annulée…

La rencontre avec les limites

Donc la frustration c’est finalement ce que l’on ressent lorsque ton désir, ton souhait, envie est contrecarré par des limites : Les règles établies par les adultes, de la société, de la temporalité, etc.

Toi et ton enfant, vous êtes là, avec votre espérance, savourant déjà la satisfaction de la réalisation, et BIM, on vous claque la porte au nez.

  • Non, la journée est terminée et tu n’as pas eu le temps de souffler pour lire ton magazine qui te nargue sur la table basse.
  • Non, la voiture rouge n’est pas disponible, car ta soeur est en train de jouer avec et de ressentir le plaisir que tu espérais tant.

La frustration survient quand ton propre désir se heurte à des contraintes

Dire non à ton enfant

Dans ce contexte où la frustration est directement liée aux règles, au cadre éducatif, certains parents peuvent être séduits par l’idée de ne pas “Dire NON” à leurs enfants afin de ne pas générer de frustration supplémentaire.

Je l’entends.

Mais je reste convaincue qu’il est bon pour les enfants (et les parents) de savoir dire “NON”.

C’est ce dont je t’ai parlé dans l’épisode 11 « Pourquoi et comment dire NON à ton enfant », mais également dans l’épisode 40 où je te parle du cadre bienveillant, c’est à dire comment dire NON à ton enfant tout en disant « Oui » !

Les limites sont nécessaires à ton enfant pour son bien être émotionnel. L’important étant la cohérence des règles et qu’elles s’appliquent à tout le monde (enfants et parents compris).

C’est d’ailleurs un des points centraux de la formation “S’élever en même temps que son enfant” pour créer le changement dans ta relation avec ton enfant et construire une vraie relation de coopération avec lui !

Obéissance et frustration

Là où je vais m’éloigner un peu du bienfait des limites, c’est quand derrière l’intention “d’apprendre la frustration à son enfant”, il y a la recherche d’obéissance.

Car c’est pourtant souvent ce qui va de pair si tu cherches à apprendre la frustration à ton enfant, c’est indirectement chercher à ce que ton enfant intègre les règles, et accepte sa déception, sa colère de non-satisfaction sans trop d’opposition et qu’il s’y plie…

Si tu me suis, tu connais ma position vis-à-vis de la recherche d’obéissance d’un enfant.

Ce n’est pas mon but, ce n’est pas ce que je recherche.

Car comme je te l’ai expliqué, notamment dans l’épisode 0 du podcast, l’obéissance est liée à la domination.

apprendre la frustration dans le but d'apprendre l'obéissance c'est entrer dans un modèle de domination avec son enfant et non pas la coopération

Et le modèle de relation que je recherche avec mes enfants est à l’opposé de ce modèle.

Ce que je souhaite et t’encourage à travers ce site et la formation s’élever en même temps que son enfant, c’est la construction d’une relation de coopération.

Dès lors que c’est bien cette coopération que tu recherches, je pense que tu comprends pourquoi j’ai personnellement abandonné l’idée d’apprendre la frustration à mes enfants !

Frustration et résilience

Pour clôturer cette 1re partie, je voudrais également faire un point entre frustration et résilience.

Si je refuse d’apprendre la frustration à mes enfants en provoquant volontairement des situations où ils le sont, pour autant je ne cherche pas à supprimer toutes les occasions…

Je m’explique :

  1. Le quotidien est riche de situations frustrantes, donc je n’ai pas besoin de faire en sorte de les confronter à la frustration, cela arrive naturellement.
  2. D’autre part, la frustration a également des bénéfices. Car lorsqu’une personne sait faire face à la frustration, sait accueillir cette émotion, la verbaliser, l’exprimer et s’y adapter, c’est une forme de résilience !

Et on le sait, la résilience est une grande qualité dans la vie !

Il y a cette étude assez connue où le comportement d’enfants de 4 ans est analysé : On leur propose un chamallow, en leur expliquant que s’ils patientent le temps que l’adulte revienne, ils en auraient un second. Certains enfants étaient en mesure de patienter, d’autres pas. Ces mêmes enfants ont été suivis par l’étude pendant 30 ans. L’étude démontre que les enfants ayant su résister au chamallow avaient par la suite eu de meilleurs résultats scolaires, semblaient plus résistants au stress, moins de problème d’addiction, etc.

Cette étude ne dit pas comment apprendre la frustration aux enfants, mais démontre dans une certaine mesure que la capacité de gérer sa frustration a un lien avec des compétences cognitives…

En gros, accompagner ton enfant dans sa frustration, l’aider à savoir “gérer” ses émotions, lui donnera des compétences pour sa vie entière.

La définition même selon moi de l’intelligence émotionnelle et de ce que je te partage ici !

Pour autant, je pense que ce n’est pas parce que ton enfant ne résiste pas au chamallow que sa vie sera foutue ! L’essentiel selon moi est d’apprendre à un moment ou à un autre à ton enfant de savoir accompagner ses émotions…

Ton enfant doit-il apprendre la frustration pour se préparer au monde réel ?

C’est une phrase que j’entends souvent quand on parle de la frustration des enfants…

L’idée d’endurcir les enfants pour les préparer à la dureté du monde…

Que le choc sera d’autant plus violent s’ils grandissent dans un monde de bisounours…

2 croyances à réévaluer 

Je pense qu’il y a 2 croyances à déconstruire derrière ce genre de pensée :

Croyance N°1 : Apprendre la frustration à ton enfant pour le préparer à la dureté du monde

La première croyance est de penser que le monde est dur, donc pour protéger ton enfant il te faut l’endurcir pour l’y préparer…

Et si tu regardais la situation dans l’autre sens :

Et si le monde est dur et cruel parce que les Hommes qui le composent sont durs et cruels ?

Cela signifie-t-il que si les Hommes de demain sont bons et aimants, le monde le sera également ?

prendre le problème à l'envers sur l'origine de la cruauté du monde

C’est exactement ce que dit la citation de LR Knost dans sa citation :

En tant que parents ce n’est pas notre boulot d’endurcir nos enfants pour vivre dans ce monde cruel et insensible.

C’est notre boulot d’élever des enfants qui rendront ce monde un peu moins cruel et insensible.

L.R. Knost

Voilà pour la 1re croyance à dégommer. Changer de façon de prendre le “problème”…

Croyance N°2 : Apprendre la frustration à ton enfant c’est nécessaire pour lui montrer que ce n’est pas lui qui décide

La 2ème croyance est de penser que la frustration est nécessaire pour que l’enfant intègre le respect et l’autorité de l’adulte…

Bon, tu commences à me connaitre, tu sais que cette idée sent mauvais pour moi! C’est du pur rapport de force.

Mais admettons…

Peut-être qu’il y a une part de toi qui voit du sens dans cette pensée et c’est OK… Aucun jugement. Ce n’est pas parce que je ne pense pas comme cela que je jette la pierre à celui ou celle qui le fait !

Mais qu’est ce qu’il y a derrière cette pensée qu’il est nécessaire de frustrer l’enfant pour lui montrer qui décide ?

Si tu étais en coaching individuel avec moi, je te demanderais de creuser le pourquoi de cette pensée…

Pourquoi le besoin de prouver qui décide… d’opposer des limites, donc de créer de la frustration dans le but de démontrer un pouvoir ?

Nous ne sommes pas en coaching, tu ne peux pas me répondre… donc je vais faire la réponse : 

Un pouvoir a sans doute été exercé sur toi de la même façon. Donc pour équilibrer les forces et ne pas te sentir mal, tu reportes ce pouvoir que tu as ressenti, en l’utilisant à ton tour…

C’est donc une forme de vengeance : On fait vivre ce que l’on a nous-mêmes vécu dans une situation similaire… Exactement ce dont je t’ai parlé dans l’épisode 39 en te parlant de ton enfant intérieur, ce qui se passe en toi quand le comportement de ton enfant vient toucher quelque chose en toi…

Et dans cet exemple, c’est ce que la réaction à la frustration de ton enfant vient réveiller en toi

La frustration est quotidienne en réalité

Pour conclure cette 2ème partie et répondre à la question s’il est utile, nécessaire, de préparer ton enfant à la frustration, je t’ai déjà donné mon sentiment entre les lignes :

Il me semble inutile et presque sadique de créer des situations volontaires pour préparer son enfant à la frustration. De lui refuser des choses pour le principe de refuser, et par cette occasion de lui apprendre la frustration.

Car si tu y regardes de plus près, le quotidien de ton enfant est rempli de sources de frustrations, pas besoin d’en rajouter en plus :

  • Ton enfant veut jouer dehors, mais c’est le déluge !
  • Il cherche à te dire quelque chose, mais tu ne parviens pas à déchiffrer ses propos (« aaaah analon » : ce n’est pas « pantalon », mais « pansement » !! Tu veux un pansement!)
  • Ton enfant ne parvient pas à faire le dessin tel qu’il l’imagine dans sa tête et il se déçoit!
  • Il veut jouer avec ce cheval playmobil, mais sa soeur est en train de jouer avec
  • Il veut rester avec toi au lieu d’aller se coucher
  • Elle veut lire la suite de sa trilogie, mais vous n’avez pas le tome suivant (ou il n’est pas encore sorti !)
  • Il veut retirer son pull tout seul, mais n’arrive pas à passer la tête

Tous ces exemples sont des exemples vécus avec mes enfants : de 18 mois à presque 9 ans.

Quel que soit l’âge de ton enfant, son quotidien est truffé d’occasions de frustration… Alors franchement, pourquoi en rajouter, si ce n’est pour l’inconscience de mettre de l’huile sur le feu ?

le parent est masochiste s'il veut apprendre la frustration à son enfant en rajoutant des situations pour cela

N’avons-nous pas assez de situations, en tant que parents, où nous devons fixer le cadre, rappeler les règles ?

Ne sommes-nous pas un peu masochistes de nous rajouter des situations de conflits potentiels ?

Personnellement, j’ai choisi mes batailles !

Comme dirait ce jeune entrepreneur, la question, elle est vite répondue !

Comment aider ton enfant à faire face à la frustration ?

Maintenant que cela est dit, c’est gentil Maude, mais concrètement, comment j’apprends à mon enfant à faire face à la frustration ? Comment j’aide mon enfant à développer cette résilience ?

Et bien tout simplement en prenant la frustration pour ce qu’elle est : une émotion !

Apprendre la frustration revient à apprendre à accueillir ses émotions !

apprendre la frustration à ton enfant signifie lui apprendre comment accompagner ses émotions

Comme toute émotion, je t’invite à chercher le message qui se cache derrière :

  • Quel est le besoin de ton enfant ?
  • Quelle est la valeur qui lui est chère qui se cache derrière ?

Exactement ce que je te propose dans le guide que je t’offre sur mon site : La Boussole des émotions.

L’empathie au coeur de la solution

Car la clé elle est finalement là : faire preuve d’empathie avec ton enfant.

Entendre le désir, le plaisir qu’il recherchait et dont l’absence a généré de la frustration chez lui.

L’aider à gérer la frustration peut donc passer par le fait d’entendre son désir en prenant en photo l’objet qu’il convoite dans le magasin (astuce que je t’ai partagée dans l’épisode bonus N°4)

Cela peut être de l’aider à exprimer son désir du jeu de sa soeur et chercher un compromis avec l’autre.

Cela peut être également de lui apprendre à être parfaitement imparfait et que ses dessins s’amélioreront avec la pratique…

Aider ton enfant à faire face à la frustration dépend finalement de la nature de ce qui a suscité cette frustration ! C’est chercher le message caché derrière.

Tu le vois, il n’y a pas de solution générique pour la simple et bonne raison que tu n’apprends pas à ton enfant à accompagner ses émotions d’une manière globale, mais bien en fonction de ce qui a suscité l’émotion.

Ce qui compte, ce n’est pas tant l’émotion ressentie que la cause de l’émotion.

Et c’est là le coeur du problème et donc là où nous devons concentrer notre attention !

Regarde la racine pour adapter ta réponse…

Tout le programme de l’intelligence émotionnelle que je t’encourage à développer chez toi et chez ton enfant !

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