février 12

“Je suis (…)”, “Tu es (…)”, le piège de l’étiquette

Temps de lecture : 7 minutes

“Je suis…”, “Tu es…” : Le piège de l’étiquette

“Tu es en colère”,

“Je suis trop nulle d’avoir répondu ainsi”,

“Ce que je suis bête!”,

“Tu n’es pas gentille d’avoir tapé”,

“Tu n’es pas sage”,

“Tu es fatigant.e”,

“Je ne suis pas une bonne maman, un bon papa”,

etc.

Ça te parle toutes ces petites phrases qui font partie de notre quotidien ?

Soit on les dit pour parler de notre enfant, d’un collègue, etc. Soit, on se les dit à soi-même.

Mais dans les 2 cas, c’est négatif, car toutes phrases sont finalement des étiquettes

Le piège que tu ne perçois peut-être pas

Peut-être que certaines phrases te semblent plus faciles à identifier comme des étiquettes (“tu n’es pas gentille”, “tu es fatigant”, “tu es un vrai petit diable”, “tu es méchant”, etc.)

illustration d'Heloise Weiner sur les étiquettes de comportement données aux enfants
Crédit : Heloïse Weiner

Car dans ces phrases il y a une comparaison, un jugement : fatiguant, pas gentil, méchant, vrai petit diable…

Mais peut être aussi que considérer des phrases comme “ce que je suis bête”, “je ne suis pas une bonne mère, un bon père”, “tu es en colère” comme des étiquettes te parait un peu trop tiré par les cheveux ?

Le piège du verbe “être” : L’étiquette (parfois inconsciente) du “je suis”, “tu es” !

L’effet pervers du verbe ÊTRE

Et pourtant elles le sont bien. Pour la simple et bonne raison que toutes ces phrases ont un point en commun : l’utilisation du verbe « ÊTRE ».

Je suis.

Tu es.

Le verbe être est par définition un verbe qui définit. D’ailleurs on dit bien « Être Humain”. L’Être.

C’est l’essence même de ce que nous sommes, de QUI nous sommes.

Donc, tout ce qui suit le verbe Être, est d’une façon ou d’une autre une définition de qui nous sommes, et donc de l’étiquette que nous endossons.

Ma volonté avec l’épisode d’aujourd’hui, c’est encore et toujours une prise de conscience :

Réaliser que tout ce que tu fais suivre derrière “je suis” ou “tu es” est finalement une étiquette. Alors je te partage aujourd’hui ma réflexion sur le sujet, et comment contourner le piège de l’étiquette !

Parce que si tu y réfléchis : 

  • Tu n’es pas ta colère. Tu es bien plus que cela. Ta colère n’est qu’une émotion, transitoire, d’un instant T. Et même sous le coup de cette émotion, tu ne te réduis pas à cela.
  • De la même façon, ton enfant ne se résume pas à un mauvais comportement “tu es méchant”. Bien sûr qu’il a des moments où il est agréable, câlin, aimant (et je te vois venir! Pas seulement quand il dort 😂) Réduire ton enfant à “tu es méchant” est assez facile à comprendre pourquoi c’est une étiquette.
  • “Je suis trop nulle” (et toutes ses variantes aux noms d’oiseaux) : Bien sûr que tu n’es pas une personne stupide, bête, nulle ! Et si tu le penses, contacte-moi pour un appel découverte de mon accompagnement individuel afin que l’on travaille ton estime de toi même, ta confiance en toi ! Il y a urgence là !

Naturellement, tu le sais que ce qualificatif négatif ne te représente pas dans la vie de tous les jours.

Je pourrais continuer ainsi à reprendre exemple après exemple, mais je pense que tu auras saisi l’idée :

Tu n’es pas tes émotions, tu n’es pas ton comportement.

De la même façon, ton enfant n’est pas l’émotion vive qui le traverse, et n’est pas le comportement que tu désapprouves.

Tu es bien plus que cela. Ton enfant est bien plus que cela !

C’est cela le piège pervers du verbe ÊTRE. Il induit une confusion entre ton identité et ton comportement ou tes émotions.

L’étiquette, c’est cette confusion qui en ressort entre qui tu es et ce que tu ressens ou comment tu agis. Et là je parle de toi, mais c’est naturellement la même chose pour ton enfant.

infographie présentant la confusion entre le comportement et l'identité dans le cas du piège d'une étiquette "je suis"

Car tu le sais, je suis intimement persuadée que les 2 sont liés.

Agir sur toi c’est agir sur ton enfant. Agir sur ton enfant, c’est agir sur toi…

Tout le principe de ce site, du podcast et de la formation que je prépare. Les portes de mon accompagnement en ligne ouvriront d’ici quelques semaines. Si tu souhaites en savoir plus ou être tenu.e informé.e, tu peux dès maintenant t’inscrire sur la liste d’attente, sans engagement.

La pyramide de Dilts pour distinguer l’identité des actes

En accompagnement individuel, quand je suis amenée à travailler cet aspect-là avec un parent, je dégaine un outil puissant : la pyramide de Dilts.

En quelques mots : la pyramide de Dilts présente, sous la forme d’une pyramide, ce que l’on nomme les niveaux logiques de la pensée. Cela permet de mettre en lumière les liens entre les différentes couches de notre pensée.

pyramide de dilts des 6 niveaux logiques de la pensée

Les 6 niveaux, du plus bas vers le haut de la pyramide sont :

  • L’environnement : c’est le contexte dans lequel on évolue.
  • Le comportement : C’est les actions que nous faisons ou pas.
  • Les capacités : Correspond à notre niveau de compétences et d’organisation.
  • Les Croyances et Valeurs : Les règles qui régissent notre vie, notre pourquoi.
  • L’identité : Correspond à Qui on est, réellement. Notre moi profond.
  • La mission : le dernier niveau de la pyramide : cela correspond à ce qui donne du sens à notre vie. Le moteur profond qui nous fait vibrer.

Par cette pyramide, déjà tu peux réaliser que ton identité est bien loin, complètement décorrélée de ton comportement.

Le problème de cette confusion vient finalement du fait que de ces 6 niveaux de notre pensée logique, seuls 3 sont visibles, perceptibles.

Ce que les autres peuvent voir de nous, c’est finalement l’environnement que nous nous sommes créé, notre comportement, et quelquefois également nos capacités (pour ce dernier point je mets un bémol, car nos compétences sont bien heureusement faciles à faire évoluer. L’apprentissage de la vie est permanent, constant. Dès lors, il est toujours possible d’agir sur ce niveau).

Mais finalement, nos valeurs, croyances, identité et mission, elles, restent plus difficiles à percevoir. En tout cas, elles ne sont pas visibles d’un simple coup d’œil.

C’est la raison pour laquelle, je pense, qu’on a tous ce réflexe de faire un raccourci entre qui l’on est et notre comportement ou nos émotions…

Pourquoi il est essentiel de distinguer le comportement de l’identité ?

La prise de conscience que je souhaite t’apporter ici, c’est de réaliser que notre cerveau est une éponge, un grand naïf qui croit tout ce qu’on lui dit… Il n’est pas contrariant, car il fera tout pour te donner raison.

Retiens la chose importante :

Tout ce que je pense vrai est VRAI, car je vais inconsciemment m’y conformer.

le renforcement est lorsque tout ce qui est vrai est vrai car on s'y conforme inconsciemment

C’est exactement lorsque tu t’achètes quelque chose que tu trouves original et que finalement tu vois partout après. La raison est simple : Tu as porté ton attention, inconsciemment, vers cet objet et ton cerveau te relève toutes les occurrences que tu croises dans ta vie, là où avant, c’était une information qui n’avait aucun intérêt et tu ne le voyais pas ! C’est pour cette raison que tu vois partout la même voiture que la tienne ou que tu vois plein de personnes avec les mêmes chaussures que toi !

Si je te rapproche cette information du sujet du jour, cela signifie donc que si tu dis que tu es maladroite, bête, nulle, un mauvais parent, ton cerveau va simplement porter à ton attention toutes les occurrences qui viennent confirmer cette pensée. En prenant bien soin de ne pas relever toutes les situations, où, au contraire, tu auras fait preuve de vivacité d’esprit, d’ingéniosité pour sortir d’une grosse tempête émotionnelle, d’habileté pour rattraper un objet, etc.

Tu comprends en quoi le verbe ÊTRE devient alors une étiquette…

Inconsciemment tu chercheras à confirmer ce qui suis le verbe « ETRE »

Car ton esprit va prendre pour acquis ce que tu as mis derrière le “je suis”, et fera en sorte de te prouver par A+B que tu as raison de penser ainsi.

Et naturellement, je parle de toi ici, mais il en est de même pour ton enfant.

Si tu dis à ton enfant qu’il est méchant, fatiguant, etc., son cerveau va intégrer l’information, et lui faire relever toutes les situations qui viennent confirmer cette pensée.

C’est exactement cela, ce que l’on appelle le renforcement négatif ! Le renforcement négatif, c’est une notion que j’ai déjà abordée dans l’épisode bonus N°4.

C’est cela le piège de l’étiquette… Sans parler du risque que cela ne devienne la petite voix intérieure de ton enfant “tu es méchant”, “tu es fatigant”, “tu es bête”, “tu es maladroit.e”, etc.

Je pense qu’avec ces explications, je t’ai donné matière à réfléchir pour peut-être changer cela… Mais comment faire alors ? C’est ce que l’on voit maintenant !

Par quoi remplacer le verbe ÊTRE pour éviter le piège de l’étiquette ?

C’est bien gentil tout ce que l’on a vu jusqu’ici, mais par quoi remplacer ces petites phrases automatiques “je suis en colère”, “tu es fatigant.e”, “tu es méchant.e”, etc.

Si tu regardes de plus près les exemples que j’ai pris, tu remarqueras que toutes les phrases qui suivent un verbe être parleront soit d’une émotion, soit d’un comportement finalement…

Alors je te propose de 2 alternatives, selon ces possibilités.

Dans le cas d’une émotion

Dans le cas d’une émotion, ma proposition d’alternative est finalement assez logique. Je te propose de différencier ton émotion de ton identité en abandonnant le verbe ÊTRE.

Nous avons dans la langue française des verbes qui expriment les émotions !

Sers-toi-en !

Si tu ressens de la colère, dis-le simplement ainsi : “Je me sens en colère”.

Si c’est de la fatigue, tu peux remplacer le “je suis épuisée” par “je n’en peux plus, j’ai besoin de me reposer”. “Je me sens fatiguée”.

C’est là que tu peux peut-être te rendre compte que ton vocabulaire émotionnel est un peu limité, quand tu ne sais pas comment exprimer tes émotions sans utiliser “je suis” !

Si c’est le cas, je te rappelle que tu peux télécharger gratuitement mon guide “la Boussole des émotions” qui a pour but de t’aider à ouvrir ton champ lexical et développer ton intelligence émotionnelle, en même temps que celle de ton enfant !

Bref, redécouvre le verbe “se sentir” pour parler de tes émotions, celles de ton enfant, des sentiments ressentis… et laisse tomber le verbe ÊTRE !

alternative pour éviter le piège de l'étiquette "je suis" dans le cas d'une émotion. dire "je me sens"

Dans le cas d’un comportement

Pour ce qui concerne les comportements : fatigant, méchant, violent, menteur, maladroit, stupide, bête, nul, etc. :

Je te propose encore une fois d’abandonner le verbe ÊTRE pour éviter la confusion avec l’identité et de choisir à la place un verbe d’action, ou du moins de parler des actes. Afin de bien différencier l’identité du comportement…

Exactement comme je l’ai abordé dans l’article concernant le fait que je n’apprends pas à mes enfants à demander pardon !

Si je reprends mes exemples, cela pourrait donner :

AvantAprès la prise de conscience
« Tu es fatigant »« Ton comportement me fatigue, je n’en peux plus. »
« Tu es méchant.e / violent »« Ton comportement n’est pas acceptable »,
« Ce que tu as fait a blessé ton frère / ta soeur / ton ou ta camarade. »
« C’est méchant ce que tu as fait. »,
« La violence est inacceptable. »
« Tu es un menteur »« J’ai besoin que tu dises la vérité pour avoir confiance en toi. »,
« Quand tu ne dis pas la vérité, je perds confiance en toi, en ce que tu fais. Et ce n’est pas acceptable. »
« Je suis maladroit.e »« Je suis allé.e trop vite, j’ai manqué de concentration. »,
« Je n’ai pas regardé ce que je faisais. »
« Je suis bête / nul.le / stupide, etc. »« J’ai manqué de concentration. »,
« Je n’ai pas pris le temps de réfléchir. »,
« J’ai voulu faire trop vite. »

Conclusion : Qui tu es ou qui tu choisis d’être ?

Pour terminer cet épisode, je voudrais insister sur un fait : La question n’est pas de savoir qui tu es. Mais qui tu CHOISIS d’être.

Transposée à ton enfant, la question n’est pas de savoir qui est ton enfant. Mais de lui apprendre à choisir qui il est.

Reprend le pouvoir de qui tu veux être, redonne le pouvoir à ton enfant de qui il choisit d’être.

Ce n’est pas vos actes et vos émotions qui définissent qui vous êtes, mais plutôt qui vous choisissez d’être.

Si je fais un parallèle, j’ai envie de te parler de la série diffusée sur Netflix : « Lucifer » qui parle du Diable qui vient sur Terre et fait face à ses émotions… Au-delà du physique de Tom Ellis qui campe le Diable, j’ai bien aimé ce divertissement !

Si tu ne connais pas ou que tu n’as pas dépassé la saison 4, je te conseille de zapper cette partie. Sinon je risque de te spoiler !

Mais si tu connais, alors je voudrais faire le parallèle avec cette série pour rendre peut être un peu plus clair ce que j’ai voulu te partager dans cet article. Car peut-être as-tu ressenti un petit côté philosophique (et pourtant ce n’est pas mon truc, si j’en juge par ma note au bac !!)

En gros, toi, moi, ton enfant, nous sommes comme les Anges de la série Lucifer : Nous avons cette capacité d’autoactualisation.

Dans la série, Lucifer pense ne plus mériter son masque démoniaque alors il le perd.

Amenadiel perd ses ailes d’ange, car il pense ne plus les mériter. Ils pensent tous les 2 que c’est une punition de leur Père, une mise à l’épreuve.

Alors qu’en réalité c’est eux-mêmes qui s’infligent cela, car ils pensent ne pas le mériter. Ils retrouvent tous les 2 leurs pleins pouvoirs en s’autoactualisant, en comprenant qu’ils peuvent choisir QUI ils sont.

Autoactualises-toi !

C’est exactement de cela qu’il s’agit :

Si tu sépares ton identité de tes émotions, de ton comportement, ton cerveau pourra alors se focaliser sur le comportement et les émotions, pour pouvoir adopter des stratégies pour avancer. Mais s’il retient que cela est ton identité, il l’acceptera, la validera, la confirmera… En oubliant de passer en mode solution !

Alternative pour éviter le piège de l'étiquette "je suis" dans le cas d'un comportement : parler du comportement !

Et là, encore une fois je parle de toi. Mais il en est de même pour ton enfant naturellement !

La conclusion de tout cela ?

Conserve le verbe ÊTRE, « je suis (…), « tu es (…) uniquement pour ce qui est positif

Tout ce qui s’apparente à une barrière psychologique, à une croyance limitante, à quelque chose de péjoratif, négatif, dissocie-le de toi ou de ton enfant :

Utilise « je me sens » si cela concerne un sentiment, une émotion. Ou un verbe d’action qui met l’accent sur le comportement, les actes. Et non pas l’identité.

Avais-tu conscience de ce piège du verbe « ETRE » pour toi ou pour ton enfant ?

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