avril 30

Le piège derrière “je suis fière de toi”

Temps de lecture : 5 minutes

Le piège derrière “je suis fière de toi”

Aujourd’hui, je continue sur la lancée de ma série “le piège des mots” en abordant avec toi celui de cette petite phrase, a priori positive “je suis fière de toi”.

Si le concept te plait, tu peux retrouver les précédents épisodes

Peut-être penses-tu que je coupe les cheveux en 4 et qu’il n’y a rien à reprocher à cette formulation, positive et agréable pour ton enfant…

Laisse-moi le temps de cet article pour te présenter ma vision des choses et peut-être te faire voir les choses sous un autre angle… Comme tout ce que je te partage ici, c’est une des prises que j’ai eues au cours de mon évolution, avec mes enfants… 

Commençons d’abord par le début :

C’est quoi la fierté ?

La fierté est un sentiment d’amour propre, de satisfaction personnelle. C’est en lien direct avec l’honneur de la personne, sa dignité.

Tu as peut être le sentiment d’être fière de toi d’avoir accompli une chose.

Et quand tu dis à ton enfant “je suis fière de toi”, c’est que tu reconnais chez ton enfant sa satisfaction d’avoir réussi quelque chose.

Est-ce que tu me vois venir avec mes gros sabots ?

La fierté n’est valable que pour soi

La fierté est quelque chose de personnel, que l’on ressent pour soi.

Pas pour quelqu’un d’autre.

Tu peux ressentir de la joie, du plaisir à constater la fierté de l’autre, de ton enfant. Mais pas de la fierté.

Car si tu ressens de la fierté quand ton enfant accomplit quelque chose qui lui tient à cœur, cela signifie que tu ressens une satisfaction personnelle. Et donc, par extrapolation, que tes propres projections ont été assouvies à travers ton enfant…

Tordu tu penses ?

Pas tant que cela en fait.

Car je pense qu’il s’agit plutôt d’une confusion que nous avons en tant que parents dans nos émotions. Une mauvaise identification de ce que nous ressentons finalement.

confusion entre ton sentiment de joie et de fierté

Et s’il s’agit pourtant bel et bien d’une projection, je ne peux que te conseiller de creuser, car tu tiens là une piste très intéressante à creuser pour améliorer la relation avec ton enfant !

Si je reviens au sujet du jour, il y a donc souvent, à mon sens, une confusion chez nous, parents, entre la joie ressentie de voir notre enfant satisfait de lui-même, et notre propre sentiment de fierté.

C’est 2 choses distinctes et je pense que c’est important de démêler tout cela…

Car, comme je l’aborderai un peu plus loin dans l’épisode, entretenir cette confusion de joie/fierté peut avoir des conséquences négatives pour ton enfant…

Le lien entre fierté et confiance en soi

Tu l’as peut-être perçu entre les lignes, mais si je reprends la définition de la fierté, cela revient à parler de l’amour propre de ton enfant.

Et rappelle-toi ce que je t’ai partagé dans l’épisode 5 concernant mes 4 clés pour développer la confiance en soi de ton enfant.

L’amour de soi (donc l’amour propre) est une des composantes de l’estime de soi !

les 3 piliers de l'estime de soi : amour de soi (donc la fierté personnelle) image de soi et confiance en soi

Donc, apprendre à ton enfant à chercher sa satisfaction personnelle, sa fierté, c’est consolider la confiance, l’estime qu’il a de lui-même !

Tu comprends donc que l’enjeu derrière le choix des mots est assez important…

Alors, creusons encore un peu, en quoi est-ce que “je suis fière de toi” peut être un problème pour ton enfant (et donc sa confiance en lui!)

Le problème quand la fierté est dépendante de l’autre

Dépendance

Le problème lorsque tu dis à ton enfant “je suis fière de toi”, c’est que tu retires la satisfaction propre de ton enfant, en la rendant dépendante de ton opinion.

C’est-à-dire que “je suis fière de toi” revient à soumettre la validation de la fierté que peut ressentir ton enfant à l’opinion d’un tiers.

Sa fierté ne lui appartient plus, elle devient dépendante de la validation d’un avis extérieur.

C’est transférer le pouvoir de la satisfaction personnelle dans les mains de l’autre.

Un sentiment intrinsèque devient extrinsèque.

Et ainsi créer de la dépendance vis-à-vis de l’opinion de l’autre.

Le regard de l’autre

Et c’est bien là que se situe le plus grand danger finalement derrière cette petite phrase a priori positive.

C’est d’apprendre à ton enfant à devenir dépendant du regard de l’autre.

Que sa seule satisfaction personnelle n’est rien comparée à la validation du regard extérieur !

“Je suis fière de toi” c’est apprendre à ton enfant que ce qu’il fait, ce qu’il pense accomplir doit être validé par quelqu’un d’autre avant de ressentir de la satisfaction personnelle.

dependance au regard de l'autre

La conséquence ? C’est donc de fragiliser son estime de lui-même, sa confiance en lui. Car il apprend ainsi à faire attention à ce que les autres peuvent penser de lui, de comment ils vont le juger, l’évaluer…

Et toi, dis-moi, comment te sens-tu vis-à-vis du regard de l’autre ?

Est-ce que tu te sens jugée ?

Si on prend le domaine de la parentalité :

Est-ce que tu as l’impression d’être jugée comme un bon parent selon comment tu réagis avec ton enfant ?

Est-ce que tu te soucies du regard de l’autre quand tu es dans un lieu public avec ton enfant ?

Est ce que les remarques, voir les critiques de ton entourage te touchent ?

Et si tout cela était en lien direct de la dépendance de ton sentiment de fierté du regard de l’autre ?

Est-ce que ce ne serait pas plus facile de vivre si tu ressentais de la fierté par toi même ?

Voilà pourquoi cet épisode me tient particulièrement à coeur.

Pour t’aider, peut-être, dans cette prise de conscience…

Passif versus actif

Le dernier point, histoire d’enfoncer le clou, c’est que la différence entre “je suis fière de moi” et “je suis fière de toi” c’est que dans le premier cas, ton enfant, en pensant ainsi est acteur de sa propre vie : son sentiment de fierté lui appartient.

Dans le second cas, quand tu dis à ton enfant “je suis fière de toi”, ton enfant est passif dans cette phrase. C’est celui qui prononce la phrase qui donne ou non la fierté. Ton enfant, lui, attend le verdict…

Alors, redonne le plein pouvoir de sa fierté à ton enfant.

Laisse le maître de son amour propre, de sa satisfaction personnelle…

Pourquoi développer la fierté propre de ton enfant ?

Fierté personnelle

Comme nous l’avons vu, remettre ton enfant au coeur de sa fierté personnelle quand il atteint un objectif qu’il s’est fixé, quand il a fait quelque chose et que tu lui donnes l’occasion de constater son sentiment de fierté, c’est un excellent moyen de lui permettre cette prise de conscience.

C’est toi, ainsi qui lui apprends ce qu’est réellement le sentiment de fierté. Tu lui apprends ce que toi peut-être tu ne savais pas avant d’écouter cet épisode : la différence entre la joie de voir quelqu’un réussir et le sentiment de fierté personnelle.

Ainsi, tu continues l’apprentissage de l’intelligence émotionnelle de ton enfant, en lui apprenant à faire la différence entre ses émotions qui peuvent facilement se confondre.

Encourage la recherche de la réussite personnelle

Un autre aspect positif, c’est d’apprendre à ton enfant à rechercher sa propre satisfaction.

En ressentant cette fierté, il est fort à parier qu’il voudra de nouveau ressentir cette émotion positive et puissante. Et donc, cela va l’encourager à persévérer, à se relever d’un “échec” pour s’améliorer et finalement parvenir à son but. La fierté en sera d’autant plus savoureuse.

Donc apprendre à ton enfant à ressentir la fierté par lui-même, pour lui-même, c’est lui apprendre le gout de la persévérance, pour rechercher sa propre satisfaction…

Participe à la construction d’une confiance haute

Et enfin, comme je te l’ai déjà partagé, fierté et confiance en soi sont étroitement liées.

Donc, redonner toute sa place à la fierté de ton enfant, pour lui-même, par lui-même, c’est aussi une vraie opportunité de construire et consolider l’estime qu’il a de lui-même.

En le libérant du regard de l’autre.

Mais également en lui apprenant ce sentiment de satisfaction personnelle.

Remplacer “je suis fière de toi” par une question

OK, maintenant, je t’ai peut être fait voir les choses d’une autre façon, mais concrètement, comment faire cela sans retomber dans la facilité et le piège de cette phrase “je suis fière de toi” ?

Exemples pour remplacer « je suis fière de toi »

Et bien, ce que je te propose c’est au lieu d’utiliser une phrase affirmative : “je suis fière de toi”, c’est de passer à une formulation interrogative.

solution pour éviter le piège de je suis fière de toi : poser la question

Cela peut être, par exemple :

“Je vois que tu as l’air fier d’avoir réussi /  fait (…) C’est ce que tu ressens ?”

“Est-ce que tu te sens fier de ce que tu as fait, d’avoir (..) ?”

“Je vois que tu as réussi quelque chose qui te tenait vraiment à coeur, sur lequel tu t’es appliqué (…) : Est ce que tu es content de toi ?”

“Je suis heureuse de te voir fier d’avoir fait, terminé (…) Est-ce que ce que tu ressens c’est bien de la fierté ?”

Développer la prise de conscience de ton enfant en sa fierté

Il peut y voir plein de façons différentes finalement de poser la question à ton enfant sur ce qu’il ressent et lui soumettre l’idée, que ce qu’il ressent, c’est peut être de la fierté…

Le but, par ta question, c’est finalement d’accompagner ton enfant dans la prise de conscience de ce qu’il ressent. De l’accompagner dans la reconnaissance et l’identification de cette émotion…

  • Chère Maud,
    Bonjour, je ne suis pas parent mais je réfléchis bc aux questions de parentalité, entres autres, par rapports aux conséquences (négatives) du non investissement de ma mère notamment dans mon éducation.
    Je suis tombée sur votre article pour disons valider, formuler ces choses mêmes que vous dites, heu, si je puis dire :)) je m’explique, brièvement (j’espère car vous êtes un de mes dernier recours) consernant votre article par exemple :
    Si ma mère se faisait du soucis pour mon avenir, elle, ne se le faisait pas tant pour moi, mais pour elle ; de crainte que si je ne « réussissais pas » ça serait un problème pour elle.
    Si elle se faisait donc du soucis pour moi, c’était par rapport à elle… C’est une pression supplémentaire… pour un enfant. Elle n’a, de plus jamais cherché à s’impliquer dans ce que vous faites, à savoir reflechir aux meilleurs conditions ds lesquel un enfant peut s’épanouir, sur comment être un parent qui donne toutes les chances à son enfant…
    C ‘est comme si j’avais été le parent de mon parent… Quant, j’ai traversé une période très difficile de laquelle je ne me suis jamais vraiment remise d’ailleurs, vers 30 ans (j »en ai dix de plus !!!) elle n’a pas été (évidement ) présente, mais c’est logique puisque, me direz vous, elle ne fut guère très présente depuis disons mon adolescence – et même un peu avant…
    (peut être, ai-je fait une sorte de mini-crise d’ado à cette époque, n’ayant pas pu la faire plutôt !! bien qu il ne soit pas obligé d’en faire) mais j’avais bc de chose de difficile à traverser et le peu de confiance en moi et l’insécurité affectivité dans laquelle j’ai le sentiment d’avoir (presque toujours) baigné, justement par cette forme de négligence, a donc contribué à cette crise tardive… Le fait d’avoir été rejetée alors et le peu de reconnaissance que j’ai eu ne m’a pas permis de construire une vie d’adulte… une vie d »adulte (pleinement) satisfaisante, épanouissante ; ni construire vraiment quelque chose dont une famille.
    Depuis donc dix ans, alors que nous sommes ds la même ville, nous ne sommes plus en contacte, elle n’essaie pas de rentrer en relation avec moi. Je compte, depuis un bout de temps, lui écrire….
    Notamment, pour lui dire à quel point son éducation, la pression et la négligence dont elle a fait preuve à pu contribuer à cette situation ; qu’entant qu’enfant (même si je n’en suis plus une) j’avais (aussi) le droit de me fourvoyer, que j’étais en droit d’attendre de l’aide et du soutien, et que même si tout n’a pas été simple pr elle, j’en conviens qu’elle puisse convenir que j’ai fait en sorte de lui faire le moins de soucis possible et qu il n’était pas possible que je m’élève toute seule ; connaissant et reconnaissant elle même ma sensibilité et une certaine fragilité, je pouvais un jour flanché et que si je ne me relevais pas, et à cet âge plutôt charnière où on rentre véritablement dans sa vie d’adulte, il pouvait être normal que je puisse avoir besoin d’aide… que j’étais à ce moment sur la sellette, qu’il y avait alors un entourage néfaste duquel il fallait que je m’éloigne,en filigrane je lui faisais comprendre, j’étais pas bien elle le voyait mais elle a dû penser que ce n’était pas si grave (comme d’habitude et puis parfois je devais minimiser) et ceux alors qu’il y avait tt de même bc de signe et que je croyais surtout qu elle m’aiderait donc….en plus je cherchai à me faire hospitaliser, c’est dire…

    Et même si je n’étais pas claire à osciller entre désinvolture et accablement…Mais justement !! En l’absence de cette aide, c’est devenue plus grave et c’est aussi donc le résultat d’année de négligence (mais comme je m’en étais toujours sortie…Mais pas cette fois…) désolée si c’est confus et repetitf : pas évident d’être concis et de vouloir simplifier une situation complexe histoire de ne pas rentrer ds les détails et me faire comprendre en substance…

    Aujourd’hui, pour avancer j’ai besoin qu’elle reconnaisse que ce défaut d’investissement a contribué à faire de moi une adulte qui ne parvient pas à faire la paix avec elle même et son enfance….
    Merci de m’avoir lu, en espérant que ça ne soit pas trop indigeste et surtout avoir une réponse
    bravo pour ce que vous faite et j’ose espérer que bc de parents y trouve matière à faire…Et à penser (à autres choses qu’eux même :)))

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