mars 27

2 raisons pour lesquelles toi et ton enfant vous ne vous comprenez pas

Temps de lecture : 6 minutes

2 raisons pour lesquelles toi et ton enfant vous ne vous comprenez pas

Dans cet épisode, nous allons parler de distorsions cognitives et plus précisément de 2 schémas de pensée qui peuvent impacter la relation avec ton enfant, créer des quiproquos, qui peuvent être source d’incompréhension entre toi et ton enfant… mais aussi dans n’importe quelle relation d’une façon générale.

Avant de rentrer dans le détail des 2 raisons pour lesquelles toi et ton enfant vous ne vous comprenez pas, je souhaite t’expliquer ce qui se cache derrière ces raisons : les distorsions cognitives…

C’est quoi une distorsion ?

Les distorsions cognitives sont un peu comme des illusions de pensées. Il en existe beaucoup mais aujourd’hui j’en aborderai 2 en particulier.

[Si le sujet t’intéresse, je pourrais compléter cet article. Pour cela n’hésite pas à me le dire en le commentant ou en me contactant directement par mail via la section contact]

Elles nous donnent une perception de la situation. Comme il s’agit d’une perception, tu comprends donc qu’elle peut ne pas être exacte. Un peu comme si tu voyais une situation en portant une paire de lunettes teintées.

Le ciel que tu regardes à travers les vitres teintées d’une voiture n’est pas exactement, en réalité, de la couleur que tu vois.

Et bien les distorsions cognitives c’est exactement la même chose.

C’est notre cerveau qui va regarder et analyser la situation à travers le prisme de tes expériences passées, de tes souvenirs, de tes croyances.

D’où viennent les distorsions cognitives, comment elles se créent ?

C’est un peu comme si en grandissant notre cerveau nous construit un programme de protection personnalisé en fonction de ce que nous vivons : un copain qui finalement nous trahit en rejetant une faute sur nous pour ne pas se faire pincer, un parent qui nous dit que 15/20 c’est bien mais qu’on peut faire encore mieux etc…

Il n’y a pas besoin de traverser des épreuves de vie difficile pour se façonner. Des petites choses anodines forment le cumul de notre expérience et de là nous en déduisons un certain mode de fonctionnement qui nous sera propre. Car une personne peut vivre la même chose que nous et n’en retiendra pas les mêmes choses, ne se construira pas de la même façon que nous.

Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises interprétations de notre vécu. C’est tout à fait inconscient. Pour certains la remarque du 15/20 est ok. Pour un autre ce sera « pfff maman n’est jamais contente », et encore un autre ce sera « je ne travaille pas assez, il faut que j’en fasse plus, encore plus »…

La prise de conscience d’une perception différente de la situation

Et là tu te dis, OK, Maude tu es bien gentille mais ça m’apporte quoi, à moi vis-à-vis de mon enfant et de notre relation ?

J’y arrive justement. J’avais besoin d’établir les bases pour que l’on parle bien de la même chose :

Les distorsions cognitives sont des programmes inconscients automatiques de notre cerveau qui nous donnent une interprétation de la situation.

Ce que je souhaite aujourd’hui, c’est te faire prendre conscience que, peut-être, dans certains cas, le « problème » du comportement de ton enfant est en fait lié à une interprétation de ta part de son comportement.

Je souhaite mettre en lumière qu’en réalité, il y a souvent (pour ne pas dire toujours) une interprétation de notre part. Quelques fois l’interprétation est concordante avec la réalité, ou positive et ne pose pas particulièrement de problème.

Quelques fois l’interprétation est erronée par rapport au factuel de la situation, et c’est là que se cachent les raisons de quiproquos possibles…

Et je parle ici de la relation avec ton enfant, mais naturellement cela s’applique à tous types de relation : amicale, amoureuse, de travail etc…

Raison d’incompréhension N°1 : La lecture de pensée

La lecture de pensée est une des distorsions les plus communes… et sans doute l’une des plus fourbes à débusquer, car elle demande une grande dose de remise en question.

La lecture de pensée c’est le fait de croire que l’autre fonctionne comme nous.

C’est croire que l’on peut déterminer à l’avance comment l’autre va réagir, se comporter, un peu à la façon du film Minority report !

Il se moque de moi ?

Pour être plus claire, dans le concret d’une relation parent enfant, c’est par exemple lorsque ton enfant de 15 mois fait précisément de ce que tu viens de lui interdire. Et là, ta pensée c’est de te dire :

« Mais il se moque de moi ?!? »

En réalité, dans ce type de situation, tu considères la répétition de son acte comme une provocation. Car nous, en tant qu’adulte, si nous répétons une action que l’on nous a clairement interdite, c’est volontaire, réfléchi et provocateur.

Alors que pour ton enfant, c’est une façon de vérifier sa bonne compréhension de la règle que tu lui notifies. Il fait concorder son acte avec ta réaction.

Il ne te « cherche » pas, il vérifie que c’est bien ce geste là qui induit ta réaction…

Ce n’est que vers 4-5 ans que ton enfant saisira pleinement le sens de l’interdit et des conséquences.

Penser qu’il te cherche, que ton enfant te provoque est en réalité une interprétation de ta part. Une projection de tes pensées sur son comportement.

L’excellent livre d’isabelle Filliozat « j’ai tout essayé » est un excellent condensé de multiples lectures de pensée parentales !

Il me manque de respect !

Un autre exemple, c’est quand ton enfant de 6 ans te réponds « ce n’est pas tes affaires » quand tu interviens dans une dispute entre les enfants. Ton sang ne fait qu’un tour. Ton enfant te manque clairement de respect de te parler ainsi !

En fait, si tu regardes la situation dans son ensemble, il te notifie qu’il ne souhaite pas que tu interviennes. Et sans doute t’a-t-il entendu, ou quelqu’un de son entourage, à l’école, utiliser cette expression pour signifier de ne pas intervenir…

Lui pense simplement communiquer son besoin de gérer seul. Toi tu entends qu’il t’envoie balader…

La première fois que Chocapic m’a sorti cette petite phrase, très honnêtement, je l’ai très mal pris. Je lui aussitôt notifier que je n’acceptais pas qu’il me parle ainsi. Et il m’a naturellement répondu que je lui avais déjà dit cela…

Bim, maman dans les cordes. Chocapic 1 – Maman 0 !

L’entendre utiliser cette expression « ce n’est pas tes affaires » et son étonnement sur le fait que moi, je pouvais le dire mais pas lui, m’a permis de prendre conscience de cette lecture de pensée, et du besoin de revoir ma façon de communiquer.

Je lui ai donc proposé une formulation qui me semblait plus respectueuse, tout en communiquant son besoin :

« C’est entre ma sœur et moi », par exemple.

Je lui ai dit que si moi aussi j’oubliais de le formuler ainsi, il pouvait m’aider en me rappelant cette façon de faire plus acceptable, pour m’aider à changer cet automatisme chez moi.

Je ne te donne que ces 2 exemples, mais tu comprends l’idée de ce qu’est une lecture de pensée…

Et petit bonus, c’est transposable dans n’importe quelle relation !

Par exemple avec ton ou ta conjointe quand tu te dis

« même s’il m’a dit que ça ne le dérange pas de se lever cette nuit si bébé se réveille, je sais que dans le fond, ça l’embête. ».

C’est une lecture de pensée.

Tu transposes ton ressenti, tu imagines sa réaction selon ton propre fonctionnement, selon ta propre façon de penser.

Tu peux la transformer en communication positive :

« Tu es sûr que cela ne te dérange pas de te lever cette nuit si bébé se réveille ? J’ai peur que tu ne me dises cela pour me faire plaisir mais que dans le fond tu m’en veuilles… »

Résolution du quiproquo : Comment éviter le piège de la lecture de pensée ?

Ce que je te propose c’est d’essayer de débusquer ces lectures de pensée, d’en prendre conscience.

Part du principe que ce que tu penses, ce que tu imagines n’est vrai que pour toi.

Part du postulat que ton enfant n’est pas quelqu’un qui cherche à te provoquer, à te chercher. Au contraire, cherche quelles pourraient être les autres raisons.

Communique ton ressenti, si tu t’es sentie blessée, non respectée…

La communication, exprimer tes émotions, est le meilleur moyen de palier à cette distorsion !

Raison d’incompréhension N°2 : Les fausses obligations

Les fausses obligations ce sont toutes ces injonctions que l’on s’impose :

  • Il faut,
  • Je dois,
  • Il devrait,
  • Il me doit…

Et si nous n’atteignons pas notre objectif, on se juge, on se sent coupable….

Si c’est notre enfant qui ne correspond pas à notre croyance, à notre injonction, alors on peut rentrer dans un mécanisme inconscient de jugement négatif : de la déception, de la colère, de la honte…

Par exemple ces petites phrases du style :

  • « Il faut qu’il dorme dans son lit »,
  • « Il faut qu’il trouve le sommeil seul »,
  • « Je dois accompagner ses émotions »,
  • « Je ne dois pas lui crier dessus »,
  • « Il ne devrait plus faire pipi la nuit à son âge »,
  • « Je travaille à 80% pour passer mes mercredis avec elle, elle devrait être heureuse »

La liste est longue…

Les fausses obligations, ce sont ces petites cases à cocher dont je t’ai parlé dans l’épisode 3 du podcast « les 3 idées reçues sur la parentalité bienveillante ».

Ces fausses obligations peuvent se glisser entre toi et ton enfant et te laisser penser que ton enfant doit avoir tel ou tel comportement. Sans quoi, ce n’est pas normal. Ou bien tu as « râté » quelque chose dans son éducation…

  • « Il doit faire ses nuits à 6 mois »,
  • « Il doit être continent avant 3 ans »,
  • « Quand il fait froid il faut mettre un pull »,
  • « Quand on a 5 ans, on dort seul dans sa chambre »

La liste est vraiment sans fin !

Tu le vois, en ayant des idées préconçues sur ce que tu dois faire, sur les attentes que tu dois avoir concernant ton enfant, tu te déconnectes de ton instinct, de tes ressentis. Et donc des besoins et des émotions de ton enfant !

Et c’est là où l’incompréhension entre toi et ton enfant peut prendre racine… il y a une déconnexion entre la situation que vous vivez et ton comportement.

La fausse obligation liée au sommeil

Quand ma fille, a plus de 5 ans ½, est venue me voir car elle avait peur de s’endormir seule un soir où mon mari était en déplacement, mon 1er réflexe a été de me dire :

« Non, elle doit dormir seule dans sa chambre, elle est grande ».

Si j’avais écouté cette injonction, qui me coupait complètement de mon empathie vis-à-vis d’elle, je serais rentrée dans une lutte de pouvoir, elle aurait pu s’endormir en pleurant, pensant que je ne suis pas là pour elle quand elle a besoin d’être rassurée.

Mais en voyant cette injonction surgir dans ma tête « elle doit s’endormir seule », j’ai choisi de m’en libérer en me connectant au contraire à mes émotions : Ma fille n’a pas de problème de sommeil.

Elle doit avoir peur. Si je la rassure, elle pourra s’endormir apaisée et en confiance. Cela renforcera en plus notre lien de confiance.

Et effectivement, elle s’est endormie dans mon lit en moins de 2 minutes… Avec un sourire au coin des lèvres qui vaut tout l’or du monde.

Résolution : Comment éviter le piège des fausses obligations ?

Tu le vois, tout le monde y gagne de se libérer de ces injonctions !

Toi, car tu te lâches la grappe, tu arrêtes de te mettre la pression, de culpabiliser.

Et ton enfant, car tu n’as plus d’attente démesurée face à lui.

Au lieu de te baser sur des croyances de ce qu’il faut faire, tu adaptes ton comportement à la situation, à ton ressenti, aux émotions du moment.

En gros tu t’autorises de la liberté !

Cette distorsion, tu le vois est beaucoup plus facile à identifier. Tu peux facilement la traquer dans toutes les phrases qui contiennent ces petits mots « il faut », « je dois », « il devrait »… 

Et encore une fois, je t’encourage à en prendre conscience dans toutes les sphères de tes relations, de la ta vie:

« Je dois repasser le linge », « il faut que je cuisine du fait maison », « il me doit bien une grasse matinée dans le WE » etc…

Les fausses obligations sont partout ! Une fois que tu en as identifié une, interroges-toi :

  • De quoi as-tu envie à la place ?
  • Regarde la situation en conscience : Que ressens-tu ?
  • Que voudrais tu ?
  • Que choisis-tu ?
  • Connecte-toi à tes émotions, à celles de ton enfant (ou de la personne en face de toi).
  • Et reprends ta liberté de choix et d’action !
paire de lunettes des parents

Changement de regard : La prise de conscience qui te fait grandir

Essaie d’appliquer ce que tu as appris sur les distorsions cognitives sur ton ou ta conjointe, sur tes collègues… Prendre conscience que peut-être il y a un autre regard à porter sur la situation.

Tu le vois à travers ces 2 sources de quiproquos potentiels, la solution réside en se connectant à son ressenti, à ses émotions, à les communiquer. En s’accordant la possibilité d’agir en conscience, et non pas par automatisme… Car dès lors que tu réagis par automatisme, ton cerveau fera appel à ce programme de protection, ces filtres de perception de la réalité… et donc à une potentielle erreur d’interprétation !

[Si le sujet des distorsions t’intéresse et que tu souhaites que te présente les autres, je pourrais en faire un nouvel article. Pour cela n’hésite pas à me le dire en commentaire]

  • […] Le « piège » qui se cache derrière cette petite phrase, c’est qu’il peut y avoir une différence entre ce que tu penses dire à ton enfant et ce que lui peut comprendre… Tu te souviens, c’est ce que l’on appelle une distorsion cognitive. Je t’en ai parlé dans un précédent épisode (Le numéro 4 pour être précise, qui concerne les 2 raisons pour lesquelles toi et ton enfant vous …) […]

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