avril 24

Harcèlement : Comment aider son enfant ?

Temps de lecture : 13 minutes

Harcèlement à l’école : Comment aider ton enfant ?

Comment combattre le harcèlement à l’école, ce fléau qui touche les enfants.

Ce schéma qui commence dès la cour de récréation de maternelle, de primaire et qui, une fois installé, peut perdurer toute la vie sous d’autres formes : cyberharcèlement, harcèlement moral et psychologique, harcèlement au travail, harcèlement sexuel.

Quand Bourreau et Victime ont pris le pli, et endossent ce rôle pour construire leur vie…

La parole se libère, mais il y a encore trop peu d’action à mon goût pour enrailler cette situation. (Il existe d’ailleurs une journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école chaque 1er jeudi du mois de Novembre)

Les solutions proposées aujourd’hui sont malheureusement mises en place après que la situation ait dégénéré : Numéro vert, boites aux lettres papillon pour permettre aux enfants de parler etc…

Mais moi j’aimerai que le problème soit abordé à la racine

Pour que les enfants n’aient pas à vivre cela !

Tu le sais, si je t’en parle et que le sujet me touche tout particulièrement, c’est que j’ai connu le harcèlement. Heureusement pour moi, c’était encore « l’époque des dinosaures » dixit mes enfants…. Comprends par-là l’époque où il n’y avait pas internet, les téléphones portables, les réseaux sociaux. Donc, quand l’école s’arrêtait, cette parenthèse désagréable s’arrêtait pour moi aussi. Je pouvais respirer…. J’en parle toujours par euphémisme car il m’est encore difficile de poser des mots…

Pour faire court, ce qui me motive et m’a poussé plus que tout sur le chemin de la parentalité bienveillante c’est essentiellement le fait de ne pas vouloir créer un terreau propice au harcèlement pour mes enfants…

C’est ce qui me donne l’énergie aujourd’hui de le partager avec d’autres parents, pour étendre mon petit carré de potager ! Que tous ensemble, nous accompagnons nos enfants dans le respect et la bienveillance, la coopération… et donc repousser toujours plus loin les conditions favorables à ce fléau qu’est le harcèlement.

Je te propose dans l’épisode d’aujourd’hui de voir quelles sont les conditions nécessaires au harcèlement. Et donc de comprendre comment on peut le prévenir en amont.

Dans une 2ème partie je te donnerai LA clé pour sortir du harcèlement si malheureusement ton enfant en est victime…

Comprendre les origines du harcèlement pour mieux le prévenir et lutter contre.

La cour de récréation est la reproduction de notre société en miniature, je trouve. On y retrouve les mêmes ingrédients :

  • Des élèves populaires,
  • Des témoins
  • Ceux laissés de côté (les parias),
  • Le règne de la loi du silence et de la loi du plus fort,
  • Une échelle graduelle de la violence : des brimades, moqueries, de l’isolement, des intimidations, des insultes, des bagarres, du racket etc…
  • Et le tout chapeauté par une instance d’Autorité représentée par les professeurs des écoles qui tentent de maintenir le bon ordre.

Dans le livre « Te laisse pas faire », j’ai beaucoup aimé l’image donnée par Emmanuelle Piquet, expliquant que notre enfant peut être la « victime » de 2 types de personnalité au sein de la cour de récré :

  • Lady Di : un enfant tellement charismatique, rayonnant que les autres élèves veulent graviter autour de lui pour bénéficier de son aura, de sa gentillesse et bonté naturelle… Avec ces enfants, le processus de harcèlement ne se met pas en place car ils sont très gentils, ils n’ont aucune mauvaise intention. Mais cela n’empêche pas nos enfants de souffrir quand le regard du type Lady Di se tourne vers quelqu’un d’autre… A nous de gérer les chagrins d’amour et d’amitié… Et là il n’y a aucun moyen de les protéger…
  • Le 2ème type de personnalité est du genre Nellie Oleson : Un enfant qui use de la peur, de menaces pour asseoir sa popularité et son leadership. Nellie Oleson fait régulièrement souffrir ses courtisans mais les maintient à terme dans sa cour car elle en a besoin pour assurer sa popularité. Un savant mélange de chaud et froid, un équilibre pour maintenir les autres dépendants mais soumis… Le type de personnalité très souvent rencontré dans les cas de harcèlement…

Mais pourquoi des enfants deviennent des Nellie Oleson en puissance ?

Pourquoi notre petit ange peut se révéler dans certaines situations une Nellie Oleson ?

Car non, on ne nait pas « Nellie Oleson », on le devient

Pour comprendre cela, je vais te partager les 2 ingrédients, qui, à mon sens, peuvent donner naissance à des situations d’harcèlement :

Ingrédient N°1 : La reproduction d’une relation dominante

Comme je te l’ai dit, à moins d’un très rare cas de maladie psychiatrique, les enfants sont bons par nature.

S’ils deviennent violents, agressifs avec les autres, dominateurs, et finalement harceleurs, c’est souvent par reproduction de ce qu’ils peuvent voir, ou vivre eux-mêmes !

Lorsqu’un enfant se sent dominé, il cherchera très naturellement l’équilibre des choses en faisant pencher la balance en sa faveur dans une autre relation.

Par exemple, si un enfant au sein d’une fratrie est dominé par la toute puissance d’un grand frère ou d’une grande sœur, qui impose sa volonté au quotidien à la maison, il est normal que cet enfant cherche à compenser cela dans la relation qu’il peut avoir avec un plus petit frère ou sœur. Ou bien avec un camarade de classe, un animal de compagnie etc…

Je prends l’exemple de la fratrie car c’est peut-être plus facile à concevoir et accepter.

Mais laisse-moi te montrer que cela n’est pas forcement lié à une famille de plusieurs enfants. Car cette notion de « domination » de l’enfant par une autre personne est présente dans toutes les configurations familiales !

La position naturelle de « parent », de l’adulte, peut représenter une forme de domination. Il faut se l’avouer : nous décidons tout pour nos enfants : quand manger, quand se laver, quand se coucher… et parfois même quand ils doivent aller faire pipi !

Le harcèlement c’est l’acte de soumettre l’autre. C’est donc exactement ce que nous faisons, sans nous en rendre compte, avec nos enfants lorsqu’on les oblige à venir manger quand nous l’avons décidé, quand nous les obligeons à mettre un pull etc…

Là, je sais ce que tu penses :

« Mais ça n’a rien à voir ! Je fais cela pour son bien pour qu’il ait de bonnes habitudes, une alimentation équilibrée, qu’il n’attrape pas froid. Alors que le garçon qui le violente à l’école, lui, c’est par plaisir de l’embêter, de le faire pleurer. Cela n’a rien à voir ! »

Mais en fait, si l’intention finale est effectivement différente (pour son bien versus pour le plaisir de le faire pleurer), l’effet de soumission, d’obéissance recherché, est, lui, bien identique. Le processus qui vise à faire faire à ton enfant ce que tu lui demandes est le même que celui de l’agresseur vis-à-vis de ton enfant : La soumission.

L’enfant harceleur et le parent cherchent tous les 2 à obtenir un comportement désiré, par la soumission de l’autre.

Je sais…. Cette façon de voir les choses est assez désagréable…

paire de lunettes des parents

Mais tu le sais, mon but avec ce podcast c’est de t’aider à changer d’angle, de voir les choses sous un autre jour. Changer de regard sur la situation.

Lorsque l’on prend conscience, qu’en tant que parent, nous dominons naturellement nos enfants, nous sommes alors plus aptes à changer de posture, pour alors entrer dans la construction d’une vraie relation de coopération.

La prévention contre le harcèlement commence donc à la maison selon moi. Dans la relation que nous avons avec nos enfants.

Si à la maison, nous adoptons la notion de respect, de coopération, de consentement avec nos enfants.

Si nous prenons le parti d’ouvrir le dialogue pour trouver des compromis acceptables entre parents et enfants, alors nous gommons un peu de cette domination parentale naturelle.

Nos enfants sont moins exposés à ce sentiment de subir, cette soumission, les obligations, l’abus de pouvoir. Et donc, ressentent moins le besoin de compenser en exerçant eux même cette domination.

C’est un peu comme si nous retirions l’oxygène au triangle du feu. En supprimant l’un des composants de la réaction en chaine, on supprime la réaction elle-même…

Si tu me suis dans ma logique, je te partage maintenant mon 2ème levier d’action pour prévenir le harcèlement entre les enfants.

Ingrédient N°2 : Une empathie qui a besoin de se muscler

Le 2ème ingrédient à mon sens est l’empathie.

En tant qu’Etre Humain, nous sommes dotés d’émotions. L’empathie est la capacité de s’identifier à l’autre, dans ce qu’il ressent. C’est l’avant dernier échelon de l’intelligence émotionnelle.

les différents niveaux de l'intelligence émotionnelle. Développer l'empathie pour prévenir le harcèlement

Tu le sais, à travers mon guide gratuit « la Boussole des émotions », mon but est de t’accompagner pour développer ton intelligence émotionnelle en même temps que celle de ton enfant.

Et bien, en aidant ton enfant à découvrir et savoir accompagner ses émotions, lui permettre de les exprimer et lui apprendre à les libérer de façon « acceptable », tu lui permets de « muscler » son intelligence émotionnelle, de développer son empathie.

Dès lors qu’il est capable de ressentir les émotions de l’autre, qu’il sera sensible à ce que vis l’autre, il lui sera d’autant plus compliqué de faire souffrir ses camarades !

Je crois donc que le second levier d’action pour prévenir et lutter contre toute forme de harcèlement consiste à développer chez nous et chez nos enfants notre empathie. Notre intelligence émotionnelle.

Tu l’as peut-être remarqué, les émotions sont d’ailleurs inscrites dans le programme d’enseignement en école maternelle. Mais les émotions faisant parties de nous, c’est dans toutes les sphères de notre vie que nous devons apprendre à les accueillir, les accompagner : A l’école mais aussi à la maison !

Si tu penses que ton enfant est auteur d’harcèlement, comment réagir ?

A la lumière de ce que je viens de te partager, si tu as vent que ton enfant puisse être impliqué dans une relation pas très sympathique avec un autre enfant, il ne sert à rien à mon sens de le « gronder » ou de le punir.

Cela ne ferait que renforcer son sentiment de domination et donc par voie de conséquence, renforcer son besoin de compenser en dominant à son tour… Mais peut être de façon plus sournoise pour ne pas se faire pincer !

Ce n’est pas agréable en tant que parent d’apprendre que son enfant puisse être une Nellie Oleson. Qu’il puisse ne pas être une belle personne.

C’est un peu comme une preuve d’échec de notre transmission de valeur. Une honte…. Mais notre enfant n’est pas nous.

Détache-toi de l’image que cela peut te renvoyer de toi-même.

Prend le recul nécessaire pour être bienveillante avec toi et avec ton enfant. Pour comprendre la situation et ce qui l’a conduit à avoir ce comportement. Ouvre la discussion avec lui, sans jugement.

Tu as 2 leviers d’action que je t’ai partagé :

  1. Développer son empathie (à moins d’être un psychopathe ton enfant n’est pas insensible à la douleur de l’autre) en lui apprenant à exprimer ses émotions, à les accompagner, puis à reconnaitre celles chez l’autre. La boussole des émotions peut être un très bon point de départ 😉
  2. Repenser ta relation avec ton enfant. Demande-lui s’il se sent soumis, contraint par moment ? Dans quels cas de figure ? Avec qui ? Le but est de lui permettre de libérer sa parole, voir dans quelle sphère une domination est exercée sur lui et lui donner les pistes pour en sortir : au sein de la fratrie, avec maman ou papa, à l’école, dans une activité sportive, entre cousins, chez les grands parents etc…

Quand le harcèlement est en place, comment aider ton enfant à en sortir ?

Si tu constates que ton enfant est victime de harcèlement, qu’il est le souffre-douleur de certains camarades, enfants, de petites insultes, humiliations répétées, comment réagir ? Comment aider ton enfant à faire cesser ces pratiques ?

L’erreur N°1 des parents : Ce qu’il ne faut pas faire en cas de harcèlement

La première intention du parent est d’intervenir ! De défendre son enfant, en mode Mère Louve qui bouffe le 1er qui fait du mal à son petit ! (et moi la 1ère, je suis tombée dans ce « panneau »)

Et c’est malheureusement là la pire erreur !

Car en agissant ainsi nous entrons directement dans ce qui s’appelle en psychologie le triangle dramatique ou triangle de Karpman, du nom du Dr Stephen Karpman qui a mis en évidence ce scénario relationnel des « jeux » psychologiques.

Le triangle de Karpman

Dans ce scénario relationnel il y a 3 protagonistes :

  • Le Persécuteur,
  • La Victime
  • Le Sauveur
Triangle dramatique de karpman pour comprendre le jeu psychologique du harcèlement

Dans ce trio, le Persécuteur considère la victime comme inférieure, et se sent donc en toute puissance de pouvoir l’humilier, l’utiliser, en donnant des ordres.

La Victime, s’apitoie, se rabaisse, se défend très mollement. Elle se considère comme inférieur au Persécuteur. Mais se considère également comme inférieure au Sauveur car a besoin de son aide pour l’aider.

Le Sauveur se sent utile, nécessaire. Mais par son action créée de la passivité chez la Victime, de l’assistanat. Inconsciemment, le Sauveur considère la Victime comme inférieure car a besoin d’aide et de protection.

Petit aparté : Nous sommes tous, à un moment ou à un autre, dans nos relations, le Persécuteur, le Sauveur, la Victime d’un autre. L’important est l’équilibre entre les rôles et ne pas rester enfermer dans un des rôles… Mais ça, ça pourrait faire l’objet d’un nouvel épisode !

Tu le vois donc dans ce schéma, en intervenant, cela positionne automatiquement ton enfant en tant que victime. C’est-à-dire que tu lui retires inconsciemment la possibilité d’agir par lui-même. Il est pris sous une aile, protéger, comme une chose fragile. Le message transmis involontairement c’est « Tu n’es pas capable de te défendre seul, nous allons le faire à ta place ».

L’intervention, quel que soit sa forme, est toujours négative : Que ce soit directement auprès de l’enfant auteur du harcèlement, auprès des parents de la petite terreur, de demander à l’enseignant d’intervenir, ou même de changer ton enfant d’école ou de classe ! Le résultat, même si l’intention de départ est louable, est toujours le même : Néfaste pour la confiance et l’estime de lui de ton enfant car l’intervention le retire de l’action. Il devient passif, témoin, alors que c’est lui le 1er concerné…

Les conséquences si l’adulte intervient pour mettre fin au harcèlement

En fait, je vois 3 conséquences négatives à intervenir quand tu constates que ton enfant est victime de harcèlement :

  1. La baisse de l’estime de ton enfant car il se sent faible, fragile. Tous les signaux qui lui sont envoyés lui démontrent qu’il a besoin d’être protégé.
  2. Les représailles ! Car il y en aura ! L’agresseur étant attrapé et probablement « puni », son sentiment de soumission sera exacerbé, renforcé et il cherchera naturellement à compenser en dominant en retour, encore plus fort. Mais cette fois de façon plus sournoise et discrète pour éviter des représailles… L’agresseur apprendra bien de ses erreurs, mais pas de la façon dont nous l’imaginons et le souhaitons !
  3. Ton enfant subissant un violent retour de flamme ne voudra, n’osera plus t’en parler de peur que cela ne recommence (te dit la petite fille qui voulait des bains moussants pour cacher à sa maman ses bleus aux jambes sous la mousse dans le bain…). En voulant bien faire, en voulant protéger ton enfant, la conséquence indirecte sera une potentielle rupture de la communication, sans pour autant avoir fait cesser les agissements…

A ce stade, tu dois penser :

« Tu es bien gentille Maude, mais alors si je ne peux pas protéger mon enfant, qu’est ce que je peux faire ? C’est sans espoir ? »

Non, naturellement non et je ne vais pas te laisser sans pistes pour sortir de ce cercle vicieux !

Ce qu’il faut faire en cas de harcèlement

Tu l’as compris grâce au triangle dramatique, le principal « problème » de la Victime, c’est de sentir inférieure… ET de devenir passive dans la relation si le Sauveur intervient.

Ce sont donc sur ces 2 leviers en parallèle qu’il faut travailler : La Confiance et l’Action.

Levier N°1 pour sortir du harcèlement : La Confiance

La 1ère clé consiste donc à renforcer la confiance en lui, l’estime de soi de ton enfant. Et pour cela je te propose de réécouter si besoin l’épisode 5 du podcast « les 4 clés pour développer la confiance en soi de ton enfant »

Levier N°2 pour mettre fin au harcèlement : L’action (ou réaction)

Le second levier à développer en parallèle, c’est de permettre à ton enfant de reprendre son rôle d’acteur dans la relation qui s’est créée. Sortir du rôle de Victime, cela consiste à prendre conscience de sa valeur et d’agir.

Notre rôle en tant que parent est d’être aux côtés de notre enfant, et non plus entre lui et le monde pour le protéger. C’est d’être à ses côtés pour lui permettre de faire seul.

Ok, ça te fait une belle jambe, hein ?

Concrètement ça donne quoi d’être aux côtés de son enfant quand celui-ci est victime de harcèlement ?

J’y arrive…

Mon plan de riposte en 4 actions si tu constates que ton enfant est victime de harcèlement :

1)      Accueillir son vécu

Encourage ton enfant à parler et à s’exprimer sur ce qu’il a vécu en exprimant ce qu’il ressent « je me sens », et en exprimant ce dont il a besoin pour faire face « j’ai besoin de » …

(Pour l’expression des émotions et des besoins, je te conseille le Guide « La boussole des émotions » où j’en parle un peu plus en détails…)

Le but ici est de libérer sa charge émotionnelle, de « vider son sac » et renforcer la confiance entre vous, qu’il sente qu’il puisse se confier à toi, sans jugement, en toute liberté.

Sur le papier cela peut paraitre simple, mais en tant que parent le plus compliqué est ne pas trop montrer à quel point cela nous atteint… Car si notre enfant perçoit que cela nous rend triste, nous fait du mal, il cherchera naturellement à nous préserver et aura tendance à garder cela pour lui…

La difficulté c’est donc de rester autant que possible dans l’empathie… et de ne pas tomber dans la compassion. Car la frontière entre les 2 est vraiment fine… et pourtant essentielle :

  • L’empathie, comme je te l’ai dit, c’est le fait de comprendre ce que l’autre ressent.
  • La compassion se rapproche plus de ce que l’on appelle les éponges émotionnelles : c’est le fait de partager l’émotion de l’autre. La ressentir comme si elle était la nôtre.

Si tu souffres avec ton enfant, tu es une 2ème victime du Persécuteur, par ricochet… Et donc, pas en mesure d’épauler ton enfant pour dépasser cette épreuve de vie…

Pour aider efficacement ton enfant, tu dois être un roc solide, auquel ton enfant pourra s’accrocher pour prendre appui. Ce qui lui donnera également confiance en toi pour aborder le point N°2 du plan.

2)      Lui expliquer comment réagir quand il est attaqué, humilié, embêté…

Tu dois faire ressentir à ton enfant ton assurance pour qu’il ait confiance dans tes propositions. Car ce que tu vas lui proposer est un virage à 180° par rapport à ce qui est attendu habituellement, et cela peut lui faire peur. C’est aussi ce qui va te demander de prendre le contrepied par rapport à ce que te dicte ton instinct de Mère Louve !

Avant de rentrer dans le vif, je vais insister sur les différents éléments de langage. Pour que le message de ton enfant qu’on le laisse tranquille soit clair, et sans équivoque.

Les éléments de langage : l’importance du verbal ET du non verbal

Généralement la réaction des enfants victimes de harcèlement sont de 2 types :

  • Le silence, le repli ou de faibles « mais arrête…. J’vais le dire… »
  • L’explosion spectaculaire (colère, sanglots) qui offrent un spectacle distrayant

Dans le 1er cas, l’enfant replié : Si dans les mots il y a bien une demande de mettre fin à l’attaque, le comportement laisse paraitre tout le contraire avec une posture de soumission. Le Persécuteur n’a aucune réelle résistance, aucune conséquence négative émanant de sa « victime ». C’est donc une confirmation de son pouvoir…

Tu le sais, je t’ai déjà parlé de l’importance du langage non verbal dans la communication. Ici elle devient cruciale ! Si le langage verbal exprime bien un désaccord, tout le langage non verbal de l’enfant harcelé donne raison à son agresseur. C’est donc un point non négligeable à considérer.

Le langage non verbal ce sont les attitudes, les gestes, la posture, les expressions du visage, les intonations qui accompagnés des mots donnent le sens de la communication.

Si ton enfant dit « arrête » mais qu’il se contredit par la faiblesse de son ton, sa posture recroquevillée, c’est alors un feu vert pour l’harceleur.

Dans le 2nd cas, où ton enfant explose et offre une réaction si disproportionnée qu’elle devient un divertissement aux autres enfants, dans ce cas, le Persécuteur prend le pouvoir car a en quelques sortes une télécommande spéciale, capable de faire réagir ton enfant. Il sait comment l’utiliser, use et abuse de son pouvoir sur ton enfant pour le faire exploser à sa guise. Dans ce cas, tu le comprends, le pouvoir de l’harceleur est la capacité de contrôler les réactions avec certitude de ton enfant. Il utilise les colères et les pleurs mal contrôlés afin de le ridiculiser d’avantage…

Le point commun entre les 2 types de réaction : c’est le comportement de ton enfant face à l’attaque

Et bien, tu vas donc proposer à ton enfant de revoir complètement sa posture, sa réaction. Pour ne pas réagir de la façon dont s’attend le Persécuteur. Lui faire perdre de son pouvoir car il n’est alors plus en mesure de prédire comment ton enfant va réagir…

C’est ainsi que l’on sort du triangle dramatique. En reprenant le Pouvoir, dans toute sa Puissance…

C’est de provoquer l’agresseur pour le faire sortir de son piédestal où il se sent en sécurité.

Tu le verras, mes propositions sont volontairement provoquantes. Car c’est ainsi que ton enfant peut sortir de son rôle de victime. Adopter une réaction et un comportement totalement inattendu par l’autre. Le fait de ne pas pouvoir prédire le comportement de l’autre est donc une prise de risque… Qui pourrait permettre de faire hésiter l’enfant harceleur… oui lui donner une leçon de vie qui lui sera tout autant utile !

Le but est que ton enfant passe en mode « acteur » et que le ton associé soit en accord.

Il ne s’agit pas de répondre à la violence par la violence. Il s’agit de dire à notre enfant qu’il renvoie à l’expéditeur la violence qu’il reçoit. Reprendre une position symétrique à l’agresseur en sortant de la soumission… Une sorte de judo verbal !

Car sans soumission, il n’y a plus de pouvoir.

Sans pouvoir, Nellie Oleson peut aller se rhabiller car sa popularité et son pouvoir sont potentiellement en danger ! Elle y réfléchira à 2 fois avant de s’en prendre de nouveau à ton enfant.

Pour aider ton enfant, et faire face à la surprise, à l’inattendu des attaques, tu peux « l’entrainer » en reprenant des situations passées et en imaginant une réaction contrepied. Une sorte de petit jeu de rôle dans lequel il est complètement en sécurité.

Avec ton enfant, analyse ce qui s’est passé, ce qu’a fait l’enfant agresseur :

  • Des humiliations, menaces
  • Des coups
  • Des moqueries, insultes

Demande à ton enfant comment il a réagi ?

Demande-lui quelle serait la réaction opposée possible ? S’il ne sait pas ou n’ose pas pour commencer, tu peux lui soumettre des propositions. Le but est vraiment la co-construction, que ton enfant soit acteur dans l’élaboration du plan de contre-attaque.

Toutes les solutions proposées doivent avoir en point commun l’idée de « vas-y, continue », au lieu du mollasson « mais arrête » afin de provoquer et déstabiliser l’agresseur.

Par exemple :

  • Des humiliations, menaces

« Tu es nulle, tu ne sers à rien »

« Ok, selon toi je suis nulle… si tu le dis…  Et toi, tu sers à quoi à part chercher les embrouilles avec tout le monde ?»


« J’vais te casser la figure à la récré, quand tu sortiras des toilettes »

(menace malheureusement proférée à Chocapic en CE1)

virage a 180 pour sortir du harcèlement

« Ah oui ? On verra bien qui cassera la figure à qui… Et puis c’est lâche de vouloir prendre par surprise, pourquoi pas tout de suite ? T’as peur ? On fait ça tout de suite si tu veux. Vas-y, toi, frappe le 1er. »


  • Des coups

Coup de pied, gifles etc… à souvent les attaques physiques sont accompagnées d’insultes. C’est sur cette matière qu’il faut se baser pour construire une réplique contrepied cinglante.

Par exemple un garçon qui se fait frapper et insulter de « tafiolle » et autres « jolis » mots homophobes, le contrepied serait, en public d’insister sur le fait que l’agresseur puisse être justement amoureux de sa victime :

virage a 180 pour sortir du harcèlement

« J’ai l’impression que ça te plait que je sois une « tafiolle »… T’es amoureux de moi ou quoi ? Bah oui, comme tu veux tout le temps me toucher dans un coin pendant la récré, certains disent que tu m’aimes en fait. Ça va aller, t’inquiète le mariage entre hommes est autorisé maintenant, tu n’as pas à te cacher ainsi ! »

Et si à un moment ton enfant voit l’agresseur traverser la cour de récré dans sa direction pour le coincer de nouveau, c’est de crier de manière bien audible « Ah, ça y est tu viens me voir mon amour. Je te manquais c’est cela… Tu ne peux plus te passer de moi dis donc ! » …

Exemple donné dans le livre « Te laisse pas faire », d’Emmanuelle Piquet

  • Des moqueries, insultes

« Tu es gros, tu ressembles à un porc bien gras »

virage a 180 pour sortir du harcèlement

« Je suis peut-être gros, mais je peux maigrir… Par contre pour ta bêtise et ton cerveau… Je crois bien que c’est sans espoir »

Exemple donné dans le livre « Te laisse pas faire », d’Emmanuelle Piquet

« Tu es moche »

virage a 180 pour sortir du harcèlement

« Je ne suis peut-être pas belle de l’extérieur, mais toi c’est de l’intérieur que tu es moche… D’ailleurs quand tu parles…. Beurk ça pue » en se bouchant le nez et en répétant cette phrase à chaque nouvelle attaque. « Mais quelle horreur quand tu parles… ah oui, c’est parce que toi tu es moche de l’intérieur et donc ça pue ! »

Exemple donné dans le livre « Te laisse pas faire », d’Emmanuelle Piquet

Tu vois l’idée… C’est vraiment de partir du vécu de ton enfant, des situations, de ce qui caractérise l’enfant harceleur. Afin de construire une réplique contrepied personnalisée, déstabilisante, provocatrice, afin de faire comprendre à l’enfant Persécuteur que s’attaquer à ton enfant n’est pas sans risque pour lui et sa popularité

Dans tous les scénarios, n’oublie pas de répéter les scènes avec lui. Cela peut faire peur, et c’est naturel. Mais fais lui prendre conscience que sa stratégie, sa réaction actuelle, ne fonctionne pas a priori. Il faut tenter quelque chose d’autre.

Rejoue avec lui les scènes plusieurs fois, imaginez les réactions possibles et dons les réparties supplémentaires, pour que ses répliques deviennent de vraies flèches comme les appelle Emmanuelle Piquet dans son livre. Des automatismes cinglants, prêts à être sortis en cas d’attaque.

3)      Demande l’autorisation à ton enfant d’informer les instances en jeu de votre plan d’action

La stratégie se reposant donc sur une forme de provocation, il peut être intéressant de prévenir les personnes gravitant autour de la relation : les enseignants, le conjoint ou conjointe, les grands-parents etc… Les prévenir de ce qui se passe et surtout de ce qui est mis en place pour faire changer la situation. Car voir un enfant soumis, discret, en apparence tranquille dans la cour de récré et le voir tenir tête et avoir des mots provoquants peut choquer et générer de l’incompréhension. Mieux vaut alors prévenir de ce qui se passe et demander de laisser notre enfant s’affirmer…

Mais n’oublie pas, le but ici est toujours de rendre ton enfant acteur : Il est donc essentiel d’avoir son accord avant de prévenir des personnes.

C’est lui qui décide, car c’est lui qui est concerné.

Tu peux lui expliquer, le rassurer, que c’est uniquement s’il accepte que tu préviendras l’équipe enseignante. Et qu’ils auront bien la consigne de ne pas intervenir. Seulement d’être présents, en support s’il en ressent le besoin.

En procédant ainsi, avec son accord, cela renforce également la confiance qu’il a en toi car il sait que tu n’iras pas « dans son dos » avertir l’enseignant ou l’enfant harceleur. Cela renforce son sentiment de faire équipe avec toi, qu’il a un soutien loyal et fidèle…

Tu es un peu le Robin et ton enfant Batman 😊

4)     Debrief après le passage à l’action :

Le but est de reprendre, si besoin, pour ajuster les contrepieds, aiguiser de nouvelles flèches.

Mais généralement, ton enfant se sentant « armé » de ses flèches, se sentant épaulé, reprenant le pouvoir sur la situation en se sentant acteur, a déjà un changement dans sa posture qui, à lui seul, peut suffire à envoyer un signal non verbal aux autres de ne pas venir le chercher car il n’est pas « faible »…

Tu le vois donc, la clé pour aider ton enfant à sortir d’une situation de harcèlement est de ne pas le protéger en t’interposant entre lui et le monde. Mais en le soutenant, en l’encourageant dans ses capacités à faire face, muscler sa confiance en lui et en lui proposant une posture radicalement opposée. Ceci dans le but de sortir du rapport dominant/dominé et de retrouver un équilibre…

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